Le journalisme en Haïti est effectivement une profession à haut risque, où les journalistes sont coincés entre l’enclume et le marteau. La crise politique et sécuritaire qui sévit dans le pays depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021 a exacerbé les défis pour la presse haïtienne.
Les défis des journalistes haïtiens sont multiples :
• L’insécurité croissante, avec des enlèvements fréquents, des déplacements entravés par les gangs et une précarité économique généralisée.
• L’autocensure, face à l’insécurité grandissante, qui pousse de nombreux journalistes à taire leurs opinions et à éviter certains sujets sensibles.
• Le départ forcé, où certains journalistes sont contraints de quitter leur profession ou le pays en raison des menaces et des violences qu’ils subissent, tant de la part des gangs que des autorités en place.
Il est également important de noter que les journalistes haïtiens ont du mal à garantir leur sécurité et à poursuivre leur travail essentiel. Les exemples récents de journalistes en ligne victimes des gangs armés à l’hôpital général d’Haïti, qui sont actuellement à Cuba pour se faire soigner, sont encore présents dans les mémoires.
L’importance du journalisme en Haïti est cruciale, car les journalistes fournissent une information qui peut être sous le contrôle de différents secteurs, notamment les médias sous contrôle des ambassades, du gouvernement et des gangs. Cela rend difficile de parler de fiabilité de l’information lorsque différents secteurs la contrôlent au quotidien.
Cependant, il est également important de reconnaître que certains médias en ligne ont pu devenir des outils utilisés par les chefs de gangs pour propager leurs forfaits. Cela soulève des questions sur la manière dont les journalistes peuvent être protégés dans un tel contexte.
L’appel à la protection du journalisme lancé par Reporters sans frontières (RSF) et 94 journalistes haïtiens est crucial, mais il est également important de se demander si les journalistes peuvent vraiment être protégés dans un pays où la presse elle-même a besoin de protection. La question de Public Forum Dimanche dernier a 9ham sur la protection de la presse est pertinente dans ce contexte.
En fin de compte, la protection des journalistes en Haïti nécessite une approche globale qui prend en compte les défis spécifiques auxquels ils sont confrontés. Cela implique non seulement de protéger les journalistes contre les violences et les menaces, mais également de promouvoir une presse libre et indépendante qui puisse fournir une information fiable et diversifiée à la population haïtienne.
Philippe Moussignac